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Un nouveau Dakar se dessine ! À l’image des grandes métropoles mondiales, Dakar retrouve son lustre d’antan et participe, avec manière, au concert des grandes villes mondiales. En effet, après quarante ans de régime socialiste à la tête de l’État sénégalais, il a fallu une alternance en 2000 avec l’arrivée au pouvoir du président libéral Abdoulaye Wade, pour voir toute une ville de Dakar en chantier : de l’autoroute à péage Dakar-Diamnadio aux grandes infrastructures culturelles de renommées internationales (Grand Théâtre National de Dakar, en passant par l’embellissement [avec un tunnel à l’occidental] de la corniche ouest qui se prolonge jusqu’au cœur de la ville de Dakar en traversant une sortie de l’Université Anta Diop et enfin, l’implantation de grands « Shopping Malls » à l’instar de Sea-Plazza où le luxe et ludisme se côtoient, de grands groupes hôteliers comme Radisson Blue, lieu de repos des classes riches locales et des touristes étrangers, etc. En plus de ces investissements de grande envergure de la part l’État sénégalais avec l’appui de bailleurs, la diaspora sénégalaise - de son côté - ne se laisse pas faire et investit dans l’immobilier, dans la restauration, etc. Ainsi, nous assistons à une nouvelle configuration urbaine, sociale et spatiale de la capitale sénégalaise : une métropolisation « ascendante » (avec 0,3% de la superficie totale du Sénégal, Dakar abrite environ 23% de la population), une forte diversité de l’habitat (des logements sociaux HLM mixtes…), etc. Tout le monde afflue vers Dakar par conséquent le prix du logement devient très cher. Les terrains se font rares, et l’immobilier devient un moyen pour se faire de l’argent de la part de beaucoup de sénégalais de la diaspora et même quelques sénégalais de la classe moyenne locale, à travers l’achat et la revente. Dès lors, toutes les couches de population, à l’exception des plus démunies, concourent dans le foncier : des villas et immeubles de luxe gangrènent dans quelques quartiers résidentiels de Dakar : les Almadies, le Fann-Résidence, le Nord-Foire, etc. Cependant, n’oublions pas la revanche des maisons gigantesques de la petite côte et sur le long de la route de Rufisque, désenclavées par l’autoroute à péage [cf. article « urban sprawl », Cheikh Cissé]. Le quotidien de ces quartiers nantis, en contraste avec le dénuement des quartiers populaires périphériques, est rythmé par la circulation des voitures hautes cylindrées Mercedes, Toyota, GMC ou encore Audi sur des routes goudronnées - sans poussière - s’opposant à la périphérie des « Ndiaga Njaay »[1] et de l’air pollué par le gasoil et la poussière des rues ensablées. Donc, un Dakar à deux vitesses - à « configuration capitaliste » [dirait Karl Marx] se dessine : une partie Centre des riches et une partie antipode-périphérique des « pauvres ». Cette dichotomie socio-spatiale pointe-t-elle l’urgence d’une nouvelle configuration urbaine ? Khalifa Sall et ses pairs devraient - sans doute - connaître la réponse après avoir conclu un « contrat social » avec le peuple au soir du 29 juin 2014[2]. Le Président Macky Sall ferait également mieux de s’occuper de cette question, en la supplantant à celle qui porte sur le procès de Karim Wade et la CREI qui, depuis le début de son mandat, alimente le quotidien des médias nationaux.

En tout cas, les bonnes réponses aux questions territoriales s’avèrent alarmantes ! [cf. Critiques autour de l’Acte 3 de la décentralisation, Cheikh CISSE]

Par ailleurs, le « jet-set » s’affirme de Patte d’oie aux Almadies en passant par la route de l’aéroport Léopold Sédar Senghor. En effet, c’est le chemin qui concentre les plus grandes boites de nuit ainsi que les plus grandes boutiques de luxe. Les nuits y sont longues et restent l’apanage des enfants issus de familles riches des hauts fonctionnaires ou encore des hommes d’affaires. L’aval de cette zone c’est-à-dire le long de la route de Ouakam est rythmé durant le jour grâce à l’image de marque touristique du Monument de la Renaissance Africaine, lieu de convergence des touristes africains et du monde entier. C’est une zone de « soft-Power »[3] de la capitale sénégalaise marquée par un rayonnement culturel international. L’ancien président a peut-être compris la notion de développement à travers la culture, bien que cette question reste encore à creuser.

Tandis que la périphérie dakaroise [Pikine, Guédiawaye, Parcelles-Assainies] se contente toujours des activités culturelles et folkloriques qui vont de la lutte au « xoumbëël »[4] en passant par la danse. Même si, de plus en plus, les jeunes prennent leur destin en main grâce à l’exploit de certains lycées de la banlieue dans le domaine de l’éducation. Cette dernière répercute lentement sur les comportements des citoyens et corrélativement sur l’amélioration de leur vécu au quotidien.

Enfin, l’émergence, voire la revanche des quartiers traversés par l’Autoroute à Péage Dakar-Diamnadio laisse présager une nouvelle problématique, celle de l’étalement urbain.

CHEIKH CISSE

[1] Minicar Mercedes de transport en commun au Sénégal

[2] Elections locales au Sénégal.

[3] Terme employé par le Géopoliticien Joseph Nye pour désigner une capacité de séduction, une puissance de marque, de persuasion d’un pays ou d’une région.

[4] Cérémonie festive de danse des cités populaires.

Dakar, une ville aux multiples facettes !
Dakar, une ville aux multiples facettes !
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Tag(s) : #Urbanisme
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